Jane Seymour, l’éclat d’un Solitaire

Jane Seymour, l’éclat d’un Solitaire
Paru dans Le Bond 34 (septembre 2013)
Paru dans Le Bond 34 (septembre 2013)

Jane Seymour prédit l’avenir… tant qu’elle ne fait pas l’amour. C’est du moins la faculté extra-sensorielle dont est dotée Solitaire, la Bond girl qu’elle incarne dans Vivre et laisser mourir.

Par Guillaume Evin

Dans ce premier 007 de l’ère Moore, l’actrice anglaise – née Joyce Frankenberg dans le comté du Grand Londres d’un père britannique et d’une mère néerlandaise – campe parfaitement la jeune femme fragile et désirable, ballotée par l’intrigue avant d’être sauvée par le héros.

L’archétype de la jolie potiche, qui flatte l’œil sans encombrer le décor, reflet en creux du sexisme bondien d’une époque aujourd’hui révolue.

« Lors du casting, témoigne Roger Moore, elle n’a eu qu’à démêler sa longue chevelure pour décrocher le rôle. »

Une version des faits que n’a jamais reniée l’intéressée : « Je portais un chapeau en fourrure parce qu’on m’avait toujours dit que j’avais une toute autre tête quand j’avais le visage dégagé.

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Quand j’ai retiré le chapeau, mes cheveux sont tombés en cascade. C’était gagné. Harry m’a dit : « Nous vous offrons le rôle principal. » »

À l’origine, pourtant, Miss Seymour n’est pas censée rafler le gros lot. Celui-ci est promis à Diana Ross, selon le souhait de Tom Mankiewicz, le scénariste de Vivre et laisser mourir.

L’époque est en effet à la Blaxploitation, ce courant hollywoodien du début des années 1970 qui s’est entiché de vedettes noires et relate la vie tourmentée de la communauté afro-américaine sur fond de violence, de sexe et de misère.

Or, le huitième Bond doit précisément plonger l’agent secret du MI-6 dans les bayous de la Louisiane sur fond de culte vaudou et de champs de pavot, avec une galerie de méchants à la peau noire. Flairant le filon de cette Blaxploitation ambiante, « Cubby » Broccoli et Harry Saltzman, « soucieux de ne pas s’aliéner le marché américain au moment où ils lancent un nouveau 007 dans l’arène, décident d’injecter un petit peu de couleur. Sauf que le racisme ambiant va légèrement bouleverser la donne… »

solitaire4À la United Artist, le retour des previews – les séances tests – avec une girl noire en vedette sont calamiteux. Le département marketing avoue qu’au moins six pays ne sortiront pas le film si James couche avec une femme noire.  Exit donc Diana Ross, place à Jane Seymour. Seule consolation, la seconde beauté du film, Rosie Carver, sera jouée par une actrice noire de 23 ans née en Floride, Gloria Hendry.

À 21 ans seulement, Jane Seymour, qui a choisi ce pseudonyme en souvenir de l’une des nombreuses femmes du cruel Henry VIII, décroche ainsi son quatrième rôle au cinéma, celui qui la propulse aussitôt sous les feux des projecteurs.

Cependant, ce cadeau inestimable que lui offrent les deux producteurs, loin de booster sa carrière sur grand écran, semble la confiner au contraire à des séries télévisées ou des téléfilms.

Avant de s’égarer tout à fait dans des troisièmes rôles de comédies pataudes telles que Serial noceurs (2005) avec le trio déjanté Owen Wilson, Vince Vaughn et Bradley Cooper, la belle Jane touchera le cœur des spectateurs avec sa mémorable interprétation six saisons durant du Docteur Michaela Quinn (Docteur Quinn, femme médecin), personnage pour lequel elle décrochera pléthore de Golden Globes et d’Emmy Awards dans les années 1990.

solitaire7Contrairement à Solitaire, Quinn est une femme forte, diplômée avant l’heure, égarée dans un monde d’hommes dans l’Ouest américain sauvage de la seconde moitié du XIXème siècle. Outre cette série très humaniste et féministe dans l’âme, on pourra croiser bien plus tard, épisodiquement, Jane Seymour dans Smallville, How I met your mother ou encore Castle.

Aujourd’hui, à soixante-deux ans passés, tout juste divorcée de son quatrième mari, celle qui est une des ambassadrices de l’Unicef depuis une quinzaine d’années, n’a pas renoncé à tourner ici ou là, de temps en temps.

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Repères

  • 1951 : Naissance à Hillingdon, en Angleterre.
  • 1969 : Débuts au cinéma dans un musical antimilitariste de Richard Attenborough.
  • 1973 : Vivre et laisser mourir de Guy Hamilton
  • 1993 : Dr. Quinn, femme médecin jusqu’en 1998
  • 2000 : Fait officier dans l’Ordre de l’Empire britannique par la Reine
  • 2013 : Austenland de Jerusha Hess

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